
Dessins des Carrache
5 novembre 2025 – 2 février 2026
Un spectaculaire trompe-l’œil Annibale Carracci
Étude de nu, d’après le modèle vivant posant à l’imitation du « Torse du Belvédère », réutilisée pour l’atlante à droite de « Jupiter et Junon »
Pierre noire et craie blanche sur papier bleu, 32,1 x 23,1 cm
Windsor Castle, The Royal Collection / HM King Charles III, RCIN 902096
Dans ce dessin, Annibale Carracci étudie un buste masculin en torsion. Le torse est particulièrement détaillé et vibrant de vitalité. Le visage, en revanche, reste volontairement absent. À l’époque, les modèles vivants posaient pour ces études anatomiques appelés « académies ». On nomme ainsi les exercices d’atelier d’après modèle nu, dont le rôle est de préparer des compositions peintes de plus grande ambition.
Mais ce dessin va au-delà d’une simple étude. Par la finesse du trait et la beauté du geste, il devient une œuvre à part entière. À l’aide d’une craie blanche, Annibale Carracci souligne la lumière et anime les formes. Dans l’atelier, de la lumière artificielle pouvait être utilisée pour diriger l’éclairage. Annibale Carracci anticipait alors déjà la grande composition et la manière dont la lumière naturelle allait illuminer la fresque à venir. Ce travail sur la lumière confère un certain réalisme à l’œuvre qui trompe l’œil du visiteur et participe de fait à l’illusionnisme de la grande fresque du palais Farnèse.

Le modèle prend ici la pose du « Torse du Belvédère ». Cette sculpture antique, tout juste redécouverte au XVe siècle, est alors une véritable célébrité dont le langage formel inspire de nombreux artistes, parmi lesquels Raphaël et Michel-Ange. Arrivé à Rome, Annibale Carracci découvre cette sculpture dans la cour du Belvédère au Vatican, où il a pu l’étudier à souhait. En utilisant un modèle vivant pour reproduire ce corps sculptural, Annibale Carracci s’affranchit du marbre et transforme la pierre en présence vivante.

Ce dessin prépare l’exécution des atlantes du palais Farnèse, des puissants corps semblant soutenir l’architecture feinte où s’intègrent les différents tableaux peints par Annibale Carracci. Leur apparence animée malgré leur épiderme de marbre renforce l’illusionnisme des fresques du Palais Farnèse rendue possible grâce à la maîtrise du dessin d’après nature.

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