Mamlouks

30 avril – 28 juillet 2025

En cours

En cours

  • vue de l'œuvre D’or et de couleurs - 1

1 sur 1

D’or et de couleursGobelet aux cavaliers
Syrie (Damas ?), vers 1300 – 1310
Verre soufflé, émaillé et doré, 15,5 x 10,9 cm
Musée du Louvre, département des Arts de l’Islam, 0A 6131

Ce flacon à décor de cavaliers appartient à une abondante production d’objets en verre émaillé et doré, qui connurent une grande popularité auprès de l’élite mamlouke, comme en attestent les blasons figurant sur nombre d’entre eux. Dans la mesure où le décor émaillé doré, souvent désormais en partie effacé, couvrait la majeure partie de la surface de l’objet, il donnait l’illusion d’une pièce en métal plutôt qu’en verre, matériau moins prestigieux et partant de moindre coût. 

 

Néanmoins, leur fabrication supposait une grande habileté des maîtres verriers. Le décor était réalisé par application de l’or et des émaux sur un objet à la forme déjà achevée, alors que la température de fusion des émaux et du verre constitutif de l’objet lui-même était similaire. La seconde cuisson pour l’émaillage était ainsi rendue très délicate, avec un risque de déformation important. Les artisans expérimentèrent différentes techniques, témoignant de l’émulation entre verriers, pour fabriquer des objets de formes variées, aux dimensions plus importantes et au décor toujours plus riche.

 

Le motif de cavaliers est un des thèmes particulièrement populaires sous les Mamlouks. Recrutés pour leurs qualités de cavaliers, les Mamlouks recevaient une instruction extrêmement exigeante dans les arts de la furusiyya. Ce terme désigne un ensemble de connaissances, tant théoriques que pratiques, sur tout ce qui concerne les chevaux. Si l’apprentissage militaire y occupait une place importante, la furrusiyya relevait également d’un état d’esprit porteur de valeurs morales et fondant l’appartenance à la communauté des fursan, les cavaliers. Aussi les Mamlouks apparaissent-ils principalement à cheval, que ce soit lors de combats ou dans la pratique de sports équestres comme la chasse ou le polo, représenté ici.

 

Le répertoire iconographique des objets en verre émaillé témoigne également d’influences orientales, mongoles ou chinoises, reproduisant des motifs figurant sur des porcelaines ou des textiles importés : lotus, pivoines ou encore phénix, ainsi que des fonds d’un bleu intense imitant celui des tissus de soie. Les formes voyageaient d’autant plus facilement que ces objets constituaient des présents diplomatiques, attestés en Chine ou au Yemen, quand l’Occident fournissait un débouché commercial. 

 

Découvert en 1899, muré dans un autel, lors de la destruction de l’église Santa-Margherita d’Orvieto, le gobelet aux cavaliers du Louvre fait l’objet de nombreuses conjectures quant à son arrivée en Italie. Le pape Grégoire X, qui participa à la neuvième croisade, séjourna à Orvieto avec la Curie en 1272-1273, où il reçut de nombreux dignitaires. Parmi eux, Edouard Ier d’Angleterre, qui l’avait accompagné pendant plusieurs mois lors de son séjour en Terre Sainte et venait de conclure un traité de paix avec le sultan mamlouk Baybars. Il est tentant, même si aucun élément matériel ne vient l’attester, de supposer que l’un ou l’autre ait pu rapporter l’objet, d’autant que l’inscription qui le parcourt ressemble à celle reproduite sur la Maestà de Cimabue, peinte dans les années 1280 à Pise.

 

  • Gobelet aux cavaliers, musée du Louve, département des Arts de l'Islam

1 sur 8