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30 avril – 28 juillet 2025

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  • vue de l'œuvre Une icône ambiguë - 1

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Une icône ambiguëBassin dit « Baptistère de Saint Louis »
signé du maître Muhammad ibn al-Zayn
Syrie ou Egypte, vers 1330 – 1340
Alliage cuivreux ciselé, incrusté d’argent, d’or et de pâte noire, 23,2 x 50 cm
Paris, musée du Louvre, département des Arts de l’Islam, LP 16

Ce bassin constitue un des exemples les plus singuliers d’une production d’objets de prestige en métal ciselé et incrusté de plaques d’or et d’argent. La technique apparaît dans la région du Khorasan (nord-est de l’Iran) dans la seconde moitié du XIIIe siècle, puis se diffuse vers l’ouest, d’abord en Irak, plus particulièrement à Mossoul, puis à Damas et au Caire. Les formes (bassins, plateaux, chandeliers, aiguières, lampes) évoluent peu, tandis qu’on observe des variations dans le décor. Aux scènes figurées, fréquentes au XIIIe et début du XIVe siècles succèdent les calligraphies, les caractères thuluth, aux lettres à hampes très allongées étant privilégiés. Les inscriptions reprennent les titulatures élaborées des commanditaires, parfois associées à des blasons pour les objets destinés à l’élite militaire.

Le Baptistère, fabriqué dans les années 1330 – 1340, présente un décor foisonnant extraordinairement raffiné. La paroi extérieure est occupée par une large frise de personnages en pied, scandée par quatre médaillons figurant des cavaliers chasseurs et bordée de deux frises à décor d’animaux passant. La paroi intérieure présente une disposition similaire, une frise centrale avec des cavaliers bordée de deux frises d’animaux passant. Deux des médaillons figurent un prince trônant, les deux autres portent un écusson entouré de motifs floraux. Le fond interne du bassin est décoré d’une riche faune aquatique.

Outre l’originalité de l’iconographie, la qualité de la réalisation est exceptionnelle. Ainsi du soin apporté au rendu des personnages, leurs costumes, leurs attributs, leurs physionomies individualisées, toutes qualités picturales qui rapprochent certains éléments du décor de peintures de manuscrits contemporains. La scène de bataille représentant un personnage en armure aux pieds duquel gisent une tête et des membres coupés est ainsi semblable à une scène illustrée du grand Shahnama mongol réalisé à Tabriz vers 1330. L’utilisation de dessins (poncifs) exécutés par des dessinateurs ornemanistes pour le décor des objets en métal peut expliquer cette proximité.

 

Si le Baptistère est signé en six endroits différents « œuvre du maître Muhammad ibn al-Zayn » on ignore en revanche l’identité du commanditaire. Ces objets de prestige en métal étaient principalement destinés aux élites, qu’elles soient militaires ou civiles. Néanmoins une production réalisée pour des souverains européens est documentée par plusieurs exemples. En l’absence d’inscription, rien n’indique pour qui le Baptistère a été produit. On ignore également comment il est arrivé en France. Il est mentionné dans un inventaire de la chapelle royale de Vincennes au milieu du XVe siècle et documenté en 1606 pour le baptême du futur Louis XIII. Il sera à nouveau utilisé en 1821 pour le baptême du futur comte de Chambord. A cette occasion y seront ajoutés deux blasons aux armes de France, puis en 1856 pour celui du prince Nicolas-Eugène, fils de Napoléon III.

 

  • Bassin dit "Baptistère de Saint-Louis", musée du Louvre, département des Arts de l'Islam

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